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Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...

 

Accès au volcan : nous sommes adultes !

 

"Un Saint-Pierrois" évoque dans votre courrier des lecteurs du mercredi 20 novembre, le "temps où il n'y avait aucun problème pour pouvoir aller voir les éruptions de près".

Etant détenteur d'une "autorisation exceptionnelle d'accès à l'enclos du GRAND BRULE" pour le 11 août 1972 à 14 heures (sic) et impliquant l'accompagnement par un guide, je voudrais simplement faire remarquer que la frilosité qui entoure la liberté de circuler dans ces parages ne date pas d'hier. Je n'ai jamais utilisé ladite autorisation pour la bonne et simple raison que la veille du jour prévu, le 10 août, trois personnes trouvèrent la mort (de froid…comme cela peut arriver n'importe quand dans nos Hauts) en dépit de l'autorisation exceptionnelle dont ils bénéficiaient aussi et qui ne les a protégé de rien. Si seulement on leur avait expliqué que quand on s'égare au volcan il faut toujours monter de façon à retrouver les pistes balisées du sommet, ils seraient encore de ce monde. Bien sûr, le préfet de l'époque s'empressa d'interdire tout accès à l'enclos…

Les restrictions actuelles, porte métallique à l'appui, perpétuent l'insulte permanente faite aux Réunionnais par les pouvoirs publics qui nous considèrent comme des enfants. Et, à l'image de ce qui se produit dans les rapports familiaux, un comportement parental qui infantilise génère immanquablement, en réaction, des comportements infantiles et une cascade infernale d'interdictions et de tentatives de les déjouer.

Laissez-nous donc accéder librement à tous les territoires publics du département, volcan y compris, et vous verrez que le nombre d'incidents, rapporté au nombre de randonneurs, ne pourra que diminuer. On sait que le risque zéro n'existe nulle part et que la porte actuelle va susciter des vocations d'acrobates pour la contourner, multipliant ainsi les risques au lieu de les diminuer.

Les Hauts de la Réunion sont des zones de véritable haute montagne qui comportent des risques particuliers ; le fait que des altitudes de plus de 2000 m soient accessibles aux véhicules de tourisme fait courir, en lui-même, des risques à tous ceux qui s'y aventurent. Peu de temps après les morts du 10 août 1972, à proximité de la piste du volcan, un couple de Saint-Pierre, surpris par un intense brouillard apparu en quelques minutes, avait aussi péri de froid en s'éloignant imprudemment de son véhicule. Heureusement, la piste ne fut pas pour autant fermée et il est toujours loisible aux imprudents de se perdre dans le brouillard entre le 27ème et le Pas de Bellecombe, mais pas au-delà !

Interdire, mettre en prison : c'est décidément à la mode par les temps qui courent. Et si on se souciait un peu plus de rendre les citoyens adultes et responsables ?

 

Charles Durand (Saint-Denis) 

 
 
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