Charles Durand du Brûlé vous propose de lire ses courriers de lecteur...
L'imposture des sondages.
Les médias nous ensevelissent sous des tonnes de sondages pré-électoraux pas toujours très cohérents. Faut-il s'en étonner ? Non, quand on sait un peu ce que cache cette technique qui se donne des airs scientifiques. Sans entrer dans les détails, il faut savoir que la théorie des sondages permet effectivement de connaître l'opinion d'une population en ne questionnant qu'une partie de cette population, un échantillon.
Tout le problème est de tirer au hasard les quelques personnes qu'on va interroger. Et le hasard pur n'est pas facile du tout à obtenir. L'idéal serait de disposer d'une liste complète de la population à questionner et de tirer au sort les personnes interrogées. Mais les instituts de sondage procèdent autrement. Ils utilisent l'annuaire des téléphones fixes.
Or, en 2006, un certain nombre de personnes ont renoncé au fixe au profit du portable. Du coup, les sondages éliminent beaucoup de jeunes et de personnes de condition modeste de leurs échantillons. Les résultats sont donc plombés par cette grave anomalie. Puis, à partir de la liste des fixes, les instituts utilisent la méthode dite des "quotas" qui est une des plus défaillante pour obtenir un hasard pur. Ainsi, les résultats obtenus sur l'échantillon sont déjà assez éloignés de ceux de l'ensemble de la population. De plus, en matière électorale on se doute bien qu'il n'est pas évident pour un "sondé" de déclarer son vote au téléphone à un inconnu. Du coup, les instituts sont obligés de bidouiller les résultats pour rectifier "au doigt mouillé" les résultats concernant les extrêmes sur l'échiquier politique.
Tous ces tripatouillages d'arrière-cuisine restent malheureusement cachés et on nous sert des résultats aux airs de vérité scientifique. Le minimum serait de donner obligatoirement l'intervalle de confiance des résultats, autrement dit la fourchette dans laquelle les résultats ont quelque chance d'être valables. Exemple : les derniers sondages donnent au second tour 52% pour M. Sarkozy et 48% pour Mme Royal. Pour une fourchette de 5% sur ces résultats - ce qui est un minimum - cela veut dire entre 47 et 57% pour M. Sarkozy et entre 43 et 53% pour Mme Royal. Rien ne permet donc d'affirmer qui sera l'élu(e) !
Quant à la masse des indécis, elle permet d'aboutir à tous les cas de figure, les plus inattendus. Ainsi, mathématiquement, il est très possible qu'un des candidats soit élu dès le premier tour…Les instituts de sondage le savent, mais ils ne vous le diront pas. Perdre quinze jours de commandes entre les deux tours serait une catastrophe pour ces marchands d'imposture. Rendez-vous au 22 avril !
Charles Durand
Le Brûlé - Saint-Denis
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