Les
incohérences d’Yves Jégo.
Notre secrétaire d’Etat aux
DOM-TOM a visiblement reçu pour mission de faire faire des économies au
budget de l’Etat en pourchassant tous les privilégiés ultramarins.
Très courageux, il s’en prend aux plus faibles : à ceux
qui ne peuvent pas ou ne peuvent plus faire grève. Les patrons et les
retraités.
Pour
les patrons, les menaces sur la défiscalisation
sont réelles et leurs conséquences indirectes seront une baisse
drastique des recettes de l’Etat (TVA, impôt sur les sociétés,…) et
les recettes des collectivités locales (octroi de mer, taxes diverses).
Mauvais plan : le bilan pour le budget de l’Etat sera un
accroissement du "déficit" avec en prime de plus en plus
d’exclus à assister. Bravo pour le développement !
Pour
les retraites des titulaires de l’Etat , leur complément de 35% de
retraite est justifié par la différence de niveau de prix entre la métropole
et la Réunion. Une différence que l’Insee a toujours évaluée entre
20 et 30%, hors logement. Cela s’explique par le fait que si de nombreux
produits de consommation courante sont très chers, d’autres, comme les
carburants sont au même niveau qu’en métropole. De même pour le tarif
EDF ou les « produits noirs » (son, informatique) qui ne sont
pas plus chers ici qu’à Paris. Dès lors, il serait logique et équitable
de compléter tous les revenus dits "administrés" d’environ
30% . Il s’agit des traitements et retraites des tous les fonctionnaires
quels que soient leur statut, leur origine mais aussi des prestations
sociales et des tarifs des professionnels de santé par exemple. Le fait
de résider à la Réunion inflige un différentiel de prix d’environ
30%.
Or,
la situation actuelle relève d’une totale anarchie : le complément
des titulaires de l’Etat en activité est de 53% , celui des retraités
de 35%, quant aux agents des collectivités locales et hospitaliers cela
varie entre 0% et 53% selon le statut. Pour les prestations sociales le
complément est de 0%. Le plus gros « morceau » est celui des
titulaires de l’Etat en activité avec leurs 53%, mais là, pas touche !
Une grève des bénéficiaires serait difficile à gérer : il
n’est donc pas question, pour l’instant du moins, de se lancer dans
cette aventure. Pourtant, cela est possible et a déjà été fait dans
les années soixante-dix quand un certain Debré était ministre des
Finances et député de la Réunion. En quelques années, l’index de
correction (qui s’ajoute au complément de 35%) a été ramené en
douceur de 1,65 à 1,138. En douceur, parce que chaque augmentation des
traitements était accompagnée d’une baisse de l’index de sorte que
le net à payer ne diminuait pas. Une intelligence de gouvernement que nos
dirigeants ont perdu depuis belle lurette. Dommage.
Le
secrétaire d’Etat prend le problème à l’envers et à l’emporte-pièce
en s’en prenant aux plus faibles. Plutôt que de financer la continuité
territoriale du fret (comme en Corse) et ramener ainsi le niveau des prix
à celui de métropole ou presque, il préfère pénaliser l’économie
et les retraités. Dans un an ou deux, ce Monsieur aura disparu de notre
paysage, mais le mal aura été fait. Récession économique, diminution
des recettes budgétaires, paupérisation des vieux serviteurs de l’Etat,
accroissement des inégalités sociales nous attendent. Encore bravo,
Monsieur le professeur Jégo ! On ne vous vous oubliera jamais…
Charles
Durand
Le
Brûlé – Saint-Denis